Sans
doute l'une des visites les plus reposantes de votre séjour au Sénégal.
Si vous aimez marcher dans des ruelles
calmes et silencieuses, entre des maisons coloniales au charme désuet,
vous serez ici au paradis. Un quart d'heure seulement en chaloupe suffit pour
relier Gorée au reste du continent. D'une superficie de 28 hectares, cette
île exerce un charme et une fascination extraordinaires sur les visiteurs
qui ressentent une émotion particulière en déambulant dans
ses ruelles étroites et paisibles. Trois
siècles durant, de nombreux africains ont été réduits
à l'esclavage et embarqués, à partir de l'île de Gorée
en direction du continent américain. La célèbre Maison des
esclaves, un des musées les plus visités au Sénégal,
conserve encore toute la poignante réalité de ce pan de l'histoire
universelle. Tour à tour occupée par les Portugais, les Hollandais,
les Français, les Anglais qui la rendirent à la France en 1817,
Gorée était une escale obligée pour les navires européens
à destination de l'Amérique et de l'Asie. Dès l'abolition
de l'esclavage en 1848, le déclin de l'île est inévitable,
surtout avec la création de Dakar en 1857 et Rufisque en 1859. A partir
de 1929, Gorée est annexée à la capitale.
Aujourd'hui, l'île abrite de nombreuses résidences secondaires
et accueille tous les jours de nombreux visiteurs. Plusieurs sites sont dignes
d'intérêt : le musée historique, dans le fort d'Estrées,
où l'histoire du Sénégal est passée en revue, de la
préhistoire à l'indépendance, en passant par la période
coloniale, le musée de la femme qui présente des vitrines très
originales sur le rôle des femmes sénégalaises dans les sociétés
traditionnelle et moderne et le musée de la mer, célèbre
pour ses collections de poissons et mollusques marins. Le Castel, plateau rocheux
recouvert de fortifications, domine l'île et offre une vue superbe sur Dakar.
En face du marché, se dresse le Relais de l'Espadon, ancienne résidence
du gouverneur français de Gorée transformée en hôtel
et aujourd'hui abandonné.
Située
à moins de quatre kilomètres de Dakar, au centre de la rade que
forme la côte sud de la presqu'île du Cap-Vert, l'île de Gorée
offre un abri sûr pour le mouillage des navires. De ce fait, elle a été,
depuis le XVe siècle, un enjeu entre diverses nations européennes
qui l'ont successivement utilisée comme escale ou comme marché d'esclaves.
Appelée " Beer" en wolof, elle a été baptisée
"Goede Reede" par les Hollandais, pour être connue plus tard sous
le nom de Gorée. Elle offrait, surtout à la fin du XVIIIe siècle,
le double visage d'un carrefour prospère, où commerçants,
soldats et fonctionnaires vivaient dans un décor de rêve, et d'un
entrepôt de "bois d'ébène", avec tout son cortège
de souffrances et de larmes.
Cette
dualité s'est inscrite dans l'aspect physique de Gorée : au premier
abord apparaît l'harmonie du site naturel avec les forts et les édifices
publics aux
lignes classiques, et surtout avec les maisons parées de toutes les teintes
de vieux rose, qui laissent deviner, entre leurs arcades, le bleu de la mer et
le vert des jardins intérieurs, où, à l'abri des vents atlantiques,
s'ouvrent les vérandas à colonnes, les escaliers en fer à
cheval, les allées de basalte poli. Un grand nombre de ces maisons abritaient,
dans leur sous-sol, l'esclaverie où étaient parqués hommes
et femmes, le plus souvent jeunes, destinés aux plantations et aux ateliers
des Amériques.
Dans des caves humides et sombres, ou dans des cachots de torture pour ceux
qui se révoltaient, les déportés séjournaient durant
des semaines, dans l'attente du voyage sans retour. Là, au moment d'embarquer,
chaque esclave était marqué au fer rouge, à l'emblème
de son propriétaire. Puis les esclaves étaient entassés dans
les cales, où beaucoup d'entre eux devaient périr avant l'arrivée
à destination. 
Mais l'Amérique, dont la colonisation a été à
l'origine de cette tragique déportation, allait être également
le cadre de grandes luttes libératrices qui, peu à peu, y mettront
fin. Préparée par le triomphe de la Révolution Haitienne
à Vertières en 1803, et proclamée au Congrès de Vienne
en 1815, l'abolition officielle de la traite négrière produisit
ses effets sur Gorée.
Dès 1822, des institutions éducatives
y prennent naissance. Devenue centre administratif et scolaire, l'île abrita
notamment l'école normale fédérale de l'Afrique-Occidentale
française, connue surtout sous le nom d'École William-Ponty, qui
forma les cadres africains dont plusieurs devaient, plus tard, contribuer à
la décolonisation de l'Afrique subsaharienne. Par la suite, Gorée
a connu une longue période de déclin.
De nos jours, l'île abrite de nouveau
des établissements éducatifs destinés à la formation
de cadres nationaux ainsi que l'Université des Mutants, dont la vocation
est d'apprécier et d'approfondir les aspects les plus fécondants
des diverses cultures du monde, pour mieux les ouvrir à l'esprit de fraternité
et de coopération universelles.  Ainsi,
après avoir été, entre l'Afrique et les Amériques
noires, le trait d'union symbolique de la désolation, Gorée devient-elle
peu à peu un symbole d'espoir, vers où, de plus en plus nombreux,
convergent aujourd'hui, en une sorte de pèlerinage, les descendants des
déportés de jadis, en quête de leurs racines et tous ceux
qui entendent puiser dans son histoire les raisons d'une nouvelle solidarité
des peuples. 
Gorée a gardé, des souffrances et des joies qu'elle a ensemble abritées,
comme une faculté de surmonter les épreuves, d'absorber le malheur
dans la respiration réguliè re
de l'océan. De même, à travers les diverses périodes
qu'elle a traversées, Gorée a préservé une cohérence
architecturale qui réunit les apports culturels les plus dissemblables
- nordiques et méditerranéens, islamiques et chrétiens -
pour les fondre dans une unité dictée à la fois par l'exiguïté
de l'espace, l'exposition aux vents du grand large, l'homogénéité
du matériau de construction et, enfin, peut-être surtout, les courants
d'une histoire tourmentée qui avait fait de chaque demeure un entrepôt
d'esclaves en même temps qu'une position de défense.
Gorée
offre une heureuse symbiose du passé et du présent, de l'histoire
et du quotidien, de l'harmonie des formules visibles et de l'empreinte dramatique
du souvenir. Cest pourquoi elle constitue désormais un de ces lieux
uniques où peut se retremper la mémoire des jeunes générations
d'Afrique et des Amériques, en même temps que se renouvellent les
sources de leur inspiration. Un tel endroit, s'il appartient à l'imaginaire
vivant de l'Afrique et des Amériques, appartient, dans une égale
mesure, à la conscience du monde. Il peut devenir une terre de méditation,
un haut lieu de réflexion et de recueillement, où les hommes, plus
conscients des tragédies de leur histoire, apprendront mieux le sens de
la justice et celui de la fraternité. Ce texte est extrait
de l'appel de M. Amadou Mahtar M'Bow, directeur général de l'UNESCO,
le 22 décembre 1980.
Le
tuyau de la maison |
Un tuyau qui n'engage que nous : programmez la visite
de l'Ile de Gorée le matin et revenez sur Dakar vers 12H30 selon l'heure
de la navette, pour déjeuner (à moins que vous n'ayez prévu
d'y rester la journée) car votre guide sur l'île cherchera à
vous imposer un restaurant qui lui reverse le "backchich" et vous serez
déçus ! Nous vous conseillons de demander à votre guide/chauffeur
de vous déposer au "Lodge des Almadies" (Tel. : 869 03
45). C'est un super restaurant **** climatisé avec piscine sur la route
de la Pointe de Almadies (point de départ pour la découverte de
Dakar l'après-midi). La facture par personne est de 7.500 FCFA et votre
palais sera comblé ! (nous n'avons aucun intérêt - c'est juste
un conseil et du vécu) : visitez
le site ! | |